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Kinshasa, une ville noyée sous les déchets

La ville de Kinshasa fait face à un problème sérieux d’assainissement. Des déchets sont jetés partout à travers la ville. Quand il pleuvine, ces immondices sont drainées dans les caniveaux et cours d’eau qui traversent la ville. Conséquence, obstruction des caniveaux et rivières avec comme résultat, les inondations.

Dans la ville de Gentiny Ngobila, les cours d’eau sont submergés de déchets, au point où il est impossible d’y percevoir l’eau. Sur Kalamu par exemple, l’on peut constater que la rivière est bouchée par des tas de bouteilles en plastique et autres déchets ménagers qui ne permettent pas le passage d’eaux durant la saison des pluies. Et, pourtant, l’Arrêté ministériel du 30 avril 2018 portant interdiction de production, d’importation, de commercialisation et d’utilisation des sacs, sachets, films et autres emballages, continue à souffrir d’application et se retrouve placé aux oubliettes par certaines autorités corrompues.

« Les kinois ont développé une mauvaise habitude »

Les canalisations d’eau ne sont pas épargnées. Plusieurs servant à drainer les eaux de pluie sont bouchées. Les habitants de la capitale Kinshasa n’ont pas la notion de la propreté et du respect de l’environnement, et profitent de l’impuissance de l’Etat. Pour certains, lorsqu’il pleut, c’est le bon moment pour jeter les déchets ménagers sur des cours d’eau et caniveaux. Les autres le font en pleine journée, sans être inquiétés par les agents de l’ordre.

Ph. Blog du Citoyen

« Les kinois ont développé une mauvaise habitude, celle de jeter des immondices ménagères, des bouteilles en plastique, des emballages sachets, etc., dans les rivières et caniveaux. Que fait la brigade de protection de l’environnement ? N’existe-t-il pas des sanctions contre toute personne qui jette les immondices sur les canalisations d’eau et rivières ? », déplore Théophile Kitenge, habitant de la commune de Lemba.

Et de poursuivre : « Ajouter à cela les sables emportés par les eaux de pluie qui remplissent les caniveaux. Or, après chaque pluie, il faut assainir les canalisations d’eau ».

A chaque pluie, des quartiers de la ville sont inondés, des grandes artères ne sont pas épargnées. La ville enregistre des morts et dégâts matériels suite au bouchage des cours d’eau et caniveaux.

Des travaux de curage qui n’aboutissent pas

Le gouverneur de Kinshasa a toujours lancé les travaux de curage des cours d’eau mais n’est jamais arrivé jusqu’au bout. En juin 2020, Gentiny Ngobila avait lancé les travaux de curage de certaines rivières dans le cadre de sa politique de l’aménagement de la capitale congolaise. Il a même visité la rivière Kalamu à Limete 1ère rue, à quelques mètres de l’hôpital HJ. Le numéro 1 de la ville avait constaté que la rivière était bouchée par un tas de déchets.

Le gouverneur Ngobila visite la rivière Kalamu à Limete en juin 2020 (Droit tiers)

« Quelques jours après la visite de Ngobila, nous étions heureux de voir les engins de l’hôtel de ville commencer à sortir les déchets de la rivière. Malheureusement, ces immondices retournaient à chaque pluie parce qu’elles n’étaient pas évacuées. On les a abandonnés à côté de la rivière Kalamu », déplore un motard qui a requis anonymat.

Deux ans et huit mois après, le constat est le même, la rivière Kalamu est remplie des bouteilles en plastique et autres déchets. Les aventures sont les mêmes, on voit des engins curés la rivière mais les immondices sont déposées juste à côté et vont retourner dans la rivière pendant la saison de pluie.

Vivre dans un environnement sain, un droit négligé et un devoir non défendu

Les inondations causées par le non entretien des rivières et caniveaux provoquent la dégradation de l’environnement. Les immondices jetées sur les cours d’eau et canalisations polluent l’air. Et, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 9 personnes sur 10 dans le monde respirent un air pollué. La pollution est à l’origine d’un tiers des décès par accident vasculaire cérébral, maladie cardiovasculaire ou maladie respiratoire.

Dans l’article 53 de la constitution de la RDC, l’Etat congolais énonce clairement son obligation de protéger l’environnement et la santé de sa population. « Toute personne a droit à un environnement sain et propice à son épanouissement intégral. Elle a le devoir de le défendre. L’Etat veille à la protection de l’environnement et à la santé des populations », explique-t-il.

Pour rendre Kinshasa salubre, l’Unité spéciale de protection de l’environnement doit faire son travail de sensibiliser et rappeler les textes des lois en matière de l’assainissement. Les citoyens, quant à eux, doivent remplir le devoir de défendre leur droit à un environnement sain, non seulement par des marches ou interpellations aux autorités mais aussi assainir leurs environnements (parcelles, boutiques, écoles, magasins…).

Lire aussi : Kinshasa : Les aventures de Ngobila sur l’assainissement de la ville et la gestion des déchets

Par Jean-Hilaire Shotsha


RLT : 10 ans de prélèvement, 8 ans d’illégalité, il faut supprimer cette taxe

Par Jean-Hilaire Shotsha

Une minorité des congolais s’enrichit chaque heure en République Démocratique du Congo au détriment de l’ensemble de la population congolaise tout en créant une multitude des taxes illégales et sans fondement juridique. Plus grave encore, cet argent perçu n’est même pas canalisé vers le compte général du trésor public. Tout le monde le sait, y compris le président de la République bien entendu !

Certains parmi eux détournent des milliards de francs congolais et s’enrichissent illégalement en soutenant des taxes illégales. C’est le cas de la Redevance logistique terrestre (RLT).

C’est quoi la RLT ?

La Redevance logistique terrestre est une taxe créée en 2012 par l’Arrêté interministériel du 12 septembre 2012 fixant les modalités de perception de la redevance logistique terrestre au profit exclusif de la Sctp Sarl (ex-Onatra). Cette taxe a été créée dans le but de soutenir la relance des activités ferroviaires de la Sctp Sarl et perçue exclusivement à son profit, pour une durée de deux ans à dater de l’entrée en vigueur de cet arrêté interministériel. 140$ à l’exportation et 85$ à l’importation payable en franc congolais.

« Les ressources générées par la redevance logistique terrestre sont exclusivement affectées au financement de la réhabilitation et/ou de nouveaux projets ferroviaires de la Sctp Sarl. Elles ne peuvent, en aucune manière, servir à la prise en charge d’autres activités, encore moins des besoins de fonctionnement de la Sctp Sarl », peut-on lire à l’article 7 de l’arrêté interministériel.

Dix ans après, les activités ferroviaires de la SCTP n’ont jamais été relancées. Mais à quoi sert exactement cet argent ? Cette question mérite d’être posée car, le chemin de fer est toujours abandonné mais on continuent de percevoir. 450$ pour un container de 40 pieds et 225$ un container de 20 pieds. Une escroquerie de haut niveau mise en place par le gouvernement congolais sous Matata ponyo.

RLT parmi les 14 taxes illégales à supprimer

En juillet 2022, le gouvernement de la RDC a décidé de supprimer 14 prélèvements fiscaux entre autres, la RLT, la redevance rémunératoire informatique, TVA sur la commission OGEFREM…, et de baisser le taux de 20 autres taxes dans le but de rendre l’économie congolaise compétitive et attractive au niveau de la sous-région afin d’attirer plus d’investissements.

« Le Gouvernement a pris des mesures pour pouvoir réduire sérieusement le nombre des prélèvements arbitraires. C’est la première fois que le Gouvernement décide de pouvoir supprimer 14 taxes. C’est aussi la première fois dans ce pays qu’un gouvernement décide de s’engage dans le rabattement de 20 taxes. C’est pour rendre notre économie compétitive. C’est-à-dire, donner la possibilité à notre économie d’attirer de plus en plus d’investissement des congolais et des investisseurs étrangers afin de changer des paradigmes. Le Gouvernement prend à bras-le-corps ce problème », avait déclaré Jean-Lucien Bussa, ministre du Commerce extérieur au cours d’un briefing-presse conjoint tenu, lundi 18 juillet dernier avec Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement.

Cinq mois après, aucune de ces 14 taxes n’est supprimée et les 20 autres ne sont pas rabaissée. Bon, nous sommes habitués, les décisions prises dans notre pays ne sont jamais respectées.

ACAJ, défenseur des prélèvements illégaux ?

L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) s’oppose à la suppression de la Redevance logistique terrestre à l’exportation (RLT) qui figure parmi les 14 prélèvements fiscaux supprimés par le Gouvernement. Selon Georges Kapiamba, son coordonnateur, la suppression de la RLT va entraîner des graves conséquences à la Société commerciale des transports et ports (SCTP SA, ex-ONATRA) et la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC).

En ce qui concerne la SCTP, l’ACAJ a constaté que cette redevance l’a aidé à relancer notamment, son exploitation ferroviaire en faisant quelques réhabilitations.

En lisant le communiqué de presse de l’ACAJ, nulle part cet association dite d’accès à la justice a prouvé la légalité de la RLT. Pendant 10 ans de prélèvement, la Sctp est incapable de relancer le chemin de fer Matadi-Kinshasa.

La suppression des taxes aura un impact positif

La suppression de ces 14 taxes et la baisse de 20 autres aura un impact positif sur le panier de la ménagère, la baisse sensible de coût. Du côté des opérateurs économiques, cette disposition allégera la charge.

Un importateur paie 450$ pour un container de 40 pieds et 225$ pour un container 20 pieds. Mais, lorsque cette taxe sera totalement supprimée, cela veut dire qu’on a allégé une lourde tâche. Par conséquent, la marchandise importée qui devrait coûter cher, sera vendue à moindre coût. Ainsi, la population va ressentir le bien-fondé de cette suppression. Le coût de la douane jugée la plus chère au monde va également baisser.


La capitale Kinshasa change-t-elle réellement ?

Kinshasa, Droit tiers

C’est le constat quand on emprunte certaines artères de la ville. Des routes auparavant ensablées ou cahoteuses ont revêtues l’asphalte et permettent désormais aux automobilistes de gagner du temps sur de nombreux trajets.

Avec plus de 100 000 nouveaux véhicules enregistrés en moyenne et autorisés à circuler chaque année, la mobilité urbaine à Kinshasa est devenue un problème de société entraînant avec elle, son lot de méfaits : absentéisme au travail, baisse de la productivité, impossibilité d’effectuer des livraisons dans de nombreuses communes.

De plus, de nouveaux quartiers apparaissent en périphérie, rendant encore plus demandant les besoins en infrastructures comme l’adduction en eau, en électricité, l’éclairage public et tant d’autres services. Des besoins auxquels les précédentes administrations sont restées inertes, attendant l’action du gouvernement central. L’avènement du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi marque le ton du changement de narratif. Les gouverneurs de province ont ainsi été encouragés à innover et à créer les conditions de développement voulues par le peuple.

Mais comment y arriver quand les rétrocessions sont irrégulières et très souvent insuffisantes ? Avec moins d’un pour cent d’assujettis qui paient taxes et impôts, le défi est énorme et les attentes immenses.

La fiscalité provinciale : base du nouveau narratif

En tant qu’entité décentralisée au même titre que les autres provinces, Kinshasa se doit d’abord de compter sur ses propres ressources. Il était donc impérieux de redynamiser la régie provinciale des finances (DGRK) afin qu’elle dote la ville des moyens de sa politique. Une mission qui ne peut réussir que si la régie elle-même est en paix avec ses agents et cadres, car, il ne peut y avoir de bonnes performances quand les troupes ne sont pas motivées. À l’instar des régies nationales (DGI, DGRAD, DGDA), la DGRK a entrepris de profondes restructurations internes sous la houlette de son Directeur général Félicien Kuluta. Mécanisation des nouvelles unités, régularité de la paie, majoration de 32 % de l’enveloppe salariale et nouveaux recrutements sur concours ont jeté les bases d’une administration fiscale plus solides que jamais.

Le constat

Malgré le contexte international consécutif à la pandémie de la Covid-19 et de la crise en Ukraine, les Kinois constatent que le paysage urbain se transforme. Des routes n’ayant jamais été asphaltées en cinquante ans ont pris vie (avenue Elengesa, Kikwit, de la Paix) entraînant avec elle, l’entrée de l’électricité et l’adduction à l’eau. L’éclairage public a changé le paysage et atténué de nombreuses poches d’insécurité et d’accidents de circulation.

Gentiny Ngobila et son administration ont le mérite d’avoir construit sur fonds propres de la ville, de nouvelles infrastructures et sorti de l’isolement de nombreuses communes. Loin des rumeurs cherchant à saper l’action de l’Exécutif sur base de rivalités politiques, l’on peut s’en risque d’être contredit affirmer aujourd’hui que Kinshasa se transforme.


Discours sur l’état de la nation : la langue des signes, invisible comme d’habitude

Par Jean-Hilaire Shotsha

Cela n’échappe à personne, depuis des années, tous les discours officiels ne sont pas traduits à la télévision par un ou une interprète en langue des signes. L’accessibilité réclamée par les sourds est loin d’être une réalité en République démocratique du Congo. Alors que, la Constitution du pays, dans son article 24, reconnaît à toute personne le droit à l’information.

En RDC, 15% des personnes vivent avec un handicap, 2.5% selon l’annuaire statistique nationale sont touchés par la surdité. Les personnes sourdes sont parmi les catégories de handicap physique incomprise dans la société, dont sa communication ne se caractérise jusque-là que par des signes (La langue des signes). Erichine Mbayo, présidente de JSA ONG (Jeunesse sourde ambitieuse) plaide pour l’interprétation en langue des signes des discours officiels pour que le discours atteigne les personnes sourdes.

« Ça va faire plus d’une fois que nous avons eu à présenter nos plaintes concernant la présence des interprètes en langue des signes. Nous remarquons que toutes communications officielles du chef de l’État depuis son accession au pouvoir ne se font jamais accompagnées d’un interprète en langue des signes. Les communications ne sont pas inclusives », indique Erichine Mbayo.

Et d’ajouter « Même quand il s’agit de la RTNC, on privilégie les langues nationales et on omet la langue des signes pendant qu’elle est aussi importante ».

Selon la présidente de JSA, lorsque la pandémie de Covid-19 a été déclarée et que les mesures barrières ont été présentées à la population, les personnes sourdes étaient parmi les dernières personnes à être mis au courant. Quand il a été question d’annoncer une communication sur la situation à Goma après l’éruption volcanique, la communication n’a pas été inclusive.

« Nous avons essayé de travailler à notre niveau sur une façon de communiquer à ces personnes toutes les communications. Mais, cela reste minime parce que non seulement nous ne touchons la grande partie des personnes sourdes. Nous demandons aussi l’accompagnement des médias », dit cette défenseure des droits de personnes sourdes.

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Kinshasa : sans eau ni électricité, les habitants de Mont Ngafula et Selembao sont oubliés

Jean-Hilaire Shotsha

Sans eau ni électricité, les habitants de Mont Ngafula et Selembao sont oubliés.
Un garçon puise l’eau de source au quartier Eradi (Photo Blog du Citoyen)

Les populations habitant les communes rurales de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo ( RDC), vivent un véritable calvaire dû au manque d’eau et d’électricité. Cette situation, qui est plus visible dans les quartiers Mbila et Plateau I sur la route Kingampio, localité Masika dans la commune de Mont-Ngafula et au quartier Eradi à Selembao, pour ne citer que ceux-là, où certains quartiers n’ont jamais connu le robinet depuis sa création. Les populations de ces coins se confient à Blog du citoyen, pour étaler leurs revendications. Si l’eau, c’est la vie, comme nous avons l’habitude de le dire, il faut affirmer que dans ces quartiers, l’eau, c’est le calvaire.

Aux quartiers Eradi, Mbila et Plateau 1, les habitants semblent traverser une série de difficultés. Ces problèmes récurrents handicapent les populations de ces localités dans leurs activités économiques et ménagères. Ils s’alimentent en desserte en eau à partir des quelques ruisseaux existants qui, d’ailleurs, fournissent un liquide un peu salé. Certains parmi eux parcourent à peu près deux kilomètres pour acheter l’eau de forage. C’est le seul recours pour se tenir en vie.

Témoignages

« Cette eau que nous consommons n’est pas bonne pour la santé, car elle contient beaucoup de microbes. C’est une eau qui n’a aucun traitement, aucune filtration. Il y a beaucoup de déchets toxiques invisibles dans cette eau, mais nous sommes obligés de boire comme ça, car nous n’avons pas le choix, malgré que nous sommes exposés aux maladies », raconte Henriette, mère de famille habitante du quartier Mbila.

« Nous allons à Parking, à une distance d’au moins deux kilomètres d’ici, pour acheter de l’eau de forage. Trouver aussi l’argent pour acheter cette eau, c’est un vrai calvaire », explique Jean Doka, habitant du quartier Plateau I sur la route Kingampio. « Nos enfants et nos femmes ne font que transporter l’eau sur la tête », ajoute-t-il.

Même scénario au quartier Eradi, dans la commune de Selembao, où les habitants sont fatigués. Il n’y a pas d’eau potable. « Nous consommons de l’eau des ruisseaux. Nous sommes fatigués. Les autorités doivent nous trouver une solution », demande une maman trouvée sur place.

Un pays avec un grand barrage hydro-électrique au monde, mais ces provinces voire les quartiers sont sans électricités. C’est le cas de Mbila et Plateau I. En pleine capitale, ces quartiers ressemblent la nuit à un village voire à l’Antiquité, où le seul éclairage sont les bougies, les lampes torches, etc.

Un droit violé

L’eau et l’électricité est une affaire des lois et des droits humains. Un droit social et économique reconnu à toute personne humaine. Mais il est de moins en moins réel, au point d’être considéré comme utopique pour plus d’un congolais.

« Le droit à un logement décent, le droit d’accès à l’eau potable et à l’énergie électrique sont garantis », indique l’article 48 de la constitution de la RDC.

L’eau et l’électricité sont le socle de tout développement et facteurs de toute modernisation. Kinshasa, en général, et surtout les communes rurales en particulier, en a grandement besoin. Le problème d’eau et de l’électricité trouvent leurs racines depuis les régimes précédents, mais cela ne dispense pas l’actuel gouvernement de s’y pencher en pesant de tout son poids. On peut toujours réussir là où les autres ont échoué. C’est cette réussite qui peut bien faire la différence.

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À Kinshasa, Freddy et Vital, deux jeunes sourds cireurs de chaussures

À Kinshasa, être sourd ou muet, c'est vivre un calvaire. Freddy Mbuyi et Vital exercent le métier de cireur de chaussures.
Erichine, présidente de l’ONG JSA (Jeunesse Sourde Ambitieuse) échange avec Freddy (Photo Jean-Hilaire)

Avec Blog du Citoyen

À Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, être sourd ou muet, c’est vivre un calvaire. Les uns sont abandonnés à leur triste sort et pour les autres, la mendicité est devenue leur gagne-pain. Parfois, l’avenir de ces malentendants est souvent incertain. Alors que l’article 49 de la Constitution de la RDC, qui protège cette catégorie de personnes, stipule que « la personne du troisième âge et la personne avec handicap ont droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques, intellectuels et moraux », l’application de cet article n’est pas encore effective sur le terrain.

Freddy Mbuyi et Vital sont deux jeunes sourds rencontrés aux enceintes de l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Les deux exercent le métier de cireur de chaussures. Ils sont généreux et surtout ambitieux.

Âgé de 20 ans, Freddy Mbuyi est diplômé d’État en menuiserie. Il a aussi appris la langue des signes dans un centre d’alphabétisation spéciale pour les sourds. La situation financière de sa famille ne lui permet pas de faire autre chose que le métier de cireur de chaussures et de cordonnier. Par jour, nous dit-il, il peut gagner 3000 FC, soit 1.5$. 200, 300 à 500 FC, c’est le tarif normal que paie les clients.

Un avenir incertain

Le souci de Freddy est de perfectionner son travail de cireur de chaussures. Mais il rêve d’autres choses à l’avenir. « Je souhaite me lancer dans d’autres choses. Pour le moment je ne sais pas encore, je réfléchis d’abord« , s’est-il confié.

Contrairement à Freddy, Vital n’a pas appris la langue des signes. Il vit avec son père, qui est cordonnier. Il passe toute sa journée devant la paroisse Notre-Dame-de-la-Sagesse (NODASA), l’endroit où ce jeune malentendant travaille. Son visage n’est pas inconnu pour les habitués de l’UNIKIN.

Il a une audition très réduite. Il entend très difficilement. Son problème est qu’il ne connait pas le langage des signes. Et pour cause, son père refuse que son fils apprenne la langue des signes. Fidèle à son métier, dit-on, il arrive à son poste entre 6h et 7h pour rentrer le soir. Il rêve de devenir automobiliste.

Freddy et Vital appellent à l’aide du gouvernement et de personnes de bonne volonté pour les soutenir afin de concrétiser leurs rêves.


Cireur de chaussures, un métier qui nourrit des familles à Kinshasa

Par Jean-Hilaire Shotsha, avec Blog du citoyen.

Certains cireurs sont ambulants et les autres se trouvent en centre-ville, au carrefour de Victoire, au rond-point Ngaba et à d'autres endroits les plus fréquentés.
Crédit photo : Blog du citoyen

L’artisanat constitue l’un des secteurs les plus importants de la vie socioéconomique des habitants de la ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Il embrasse des milliers de Congolais. Parmi eux, les cireurs de chaussures, dont le secteur est en difficulté.

Les cireurs sont munis d’un sac au dos, d’une brosse à cirage en main et d’un morceau de bois servant de pose-pieds.
Crédit photo : Blog du citoyen

Munis d’un sac au dos, d’une brosse à cirage en main et d’un morceau de bois servant de pose-pieds, les jeunes circulent à travers les rues, les marchés de Kinshasa, tapant sur un coffre pour attirer l’attention des clients. Ces cireurs de chaussures sont pour la plupart âgés entre 18 et 30 ans. Certains parmi eux sont pères de famille : grâce à ce métier, ils la nourrissent et scolarisent leurs enfants. Certains sont ambulants et les autres se trouvent en centre-ville, au carrefour de Victoire, au rond-point Ngaba et à d’autres endroits les plus fréquentés.

Cireur de chaussures, de 5 h 30 à 19 h

Ils se lèvent tôt, vers 5 h 30 ou 6 h, pour arriver à leur lieu de travail. Ils y restent jusqu’aux environs de 17 h 30, voire 19h. La plupart d’entre eux habitent dans les quartiers périphériques de Kinshasa. Ce métier leur permet de gagner entre 10 000 et 15 000 FC par jour. Pour un tarif normal, les clients paient entre 300 et 500 FC.

« Je me suis lancé dans ce métier pour aider ma famille à trouver de quoi se nourrir. »

Aristote Lenga, âgé de 25 ans, a quitté l’école en cinquième des humanités suite à la mort de son père. Ce cireur rêvait de devenir avocat de renom mais hélas, le destin en a décidé autrement : « à la mort de mon père, explique-t-il, ma mère semblait perdue. La famille de mon père nous avait dépouillés de tout, en nous ravissant tout. Une année plus tard, je me suis lancé dans ce métier pour aider ma famille à trouver de quoi se nourrir« , se confie-t-il.

Junior, cireur âgé de 23 ans, s’est lancé dans ce métier pour soutenir sa famille. « À 19 ans, une copine est tombée enceinte, alors que j’étais en première année de graduat à l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Mon oncle, qui me prenait en charge, a décidé que j’arrête les études pour m’occuper de la grossesse de ma copine. Je n’avais pas de moyens pour survivre mais aussi prendre soin d’elle. Voilà pourquoi je me suis lancé dans ce métier« , fait-il savoir.

Gagner honnêtement sa vie

Anderson Kabeya, un cireur croisé Boulevard du 30 juin, déplore la délinquance chez les jeunes. Selon lui, grâce à ce métier de cireur, il est devenu financièrement indépendant et se satisfait du peu qu’il gagne.

Nombre de ces cireurs contribuent à aider leur famille au lieu de voler, braquer, commettre des actes de banditisme, etc. Ils gagnent honnêtement leurs vies sous le soleil radieux de Kinshasa.

Cependant, ce secteur connait des difficultés liées à la formation et à l’organisation des acteurs mais aussi au financement. Le métier est exercé par des amateurs : ces derniers n’ont aucune formation professionnelle dans le domaine. Les cireurs lancent ainsi un appel d’aide au gouvernement provincial et national.


Kinshasa : retour sur cette première marche anti-malonda à 0 dégât humain et matériel

Par Jean-Hilaire Shotsha

Des milliers de manifestants se sont mobilisés à Kinshasa et dans plusieurs grandes villes de la République démocratique du Congo (RDC), le lundi 13 juillet 2020 pour dire non à la désignation de Ronsard Malonda à la tête de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) sans les réformes préalables. Mais aussi, exprimer leur mécontentement contre la réforme de la justice. « Pas de CENI sans réforme. Non à la réforme de la justice dans un parlement illégitime », peut-on lire sur les différentes banderoles.

À Kinshasa, nous avons assisté en une marche très pacifique organisée par la coalition Lamuka. Sans casse, sans incendie, sans mort, sans… disons une marche zéro dégât matériel et humain mais la police décide de l’étouffer. Et pour cause qu’elle avait été interdite les autorités.

Après avoir passé une dure nuit le 12 juillet au deuil, tôt le matin, je prends un taxi-moto, pour faire la ronde de la ville. Objectif, faire le constat sur les points chauds de différents itinéraires donnés par les organisateurs de la marche. Arrivé à l’entrée Kimbuta dans la commune de N’djili, c’est une forte pluie qui commence malgré la saison sèche. Une « pluie de bénédiction », clament certains manifestants trouvés sur place.

Après la pluie, direction vers le rond point victoire à Kalamu, où je constate un important déploiement des forces de l’ordre dans plusieurs points chauds. A la place de la Victoire, des militants de Lamuka se mobilisent et décident d’aller vers la Tshangu (district situé à l’Est de la capitale).

Là, je décide de commencer mon travail de terrain. Et, la marche commence. Arrivé à la 6e rue Limete, les policiers dispersent les manifestants à coup des gaz lacrymogènes. Ils interpellent quelques-uns parmi eux. Après ces événements de Limete, je prends un taxi, destination Debonhomme. Là, je trouve des centaines de marcheurs, non seulement de Lamuka mais aussi de certains partis politiques de l’opposition comme du pouvoir et des mouvements citoyens ayant pris part à la manifestation du 9 juillet organisée par le parti présidentiel pour le même objectif. Tous ces groupes attendaient l’arrivé de Jean-Pierre Bemba qui était, selon les témoignages au niveau de Bitabe (Marché de la liberté).

Vers 12h 40’, l’opposant Bemba arrive à Debonhomme. Une marée humaine. Les manifestants venus de communes différentes envahissent le boulevard Lumumba. Jusque-là, ils sont accompagnés d’un bon nombre des policiers qui encadrent la manif, les marcheurs avancent à pas de tortue. C’était des milliers de personnes qui serpentaient le boulevard Lumumba en remontant le pont Matete avant de gagner l’échangeur de Limete où étaient les autres manifestants. Mais, sans compter l’important dispositif sécuritaire anti-émeute placé à ce niveau par la police. Le largage des bombes à gaz lacrymogène ne se sont pas fait attendre pour disperser les marcheurs.

La police s’est interposée pour limiter cette manifestation au niveau de l’Echangeur de Limete. Une foule immense avec à sa tête, Jean Pierre Bemba, l’un des leaders de Lamuka, accompagné de quelques membres de sa famille a quitté la place Pascal à la Tshangu pour être stoppé à l’entrée de la commune de Limete.

Selon la police, un calme relatif était observé sur toute l’étendue du territoire national après les manifestations. Aucune perte en vies humaines n’a été enregistrée. Toutes les personnes interpellées ont été libérées à part les kulunas.

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Covid-19 à Kinshasa : Appel au secours de la cité des aveugles à Mont-Ngafula

Photo : Jean-Hilaire Shotsha
Les habitants de la cité des aveugles situé dans la commune de Mont-Ngafula connaissent une situation sociale très précaire en cette période de coronavirus. Manque d’eau potable, de nourritures et de soins médicaux de qualité, ils ont lancé un appel à l’endroit des personnes de bonne volonté.

« Nous avons mené des démarches à la Régie de Distribution d’eau (Régideso), qui nous a doté de deux citernes qui sont momentanément approvisionnées. Mais l’eau coule une fois par semaine, voire une fois toutes les deux semaines. », a expliqué Mr Mulumba, malvoyant et préfet de l’Institut.

Difficile approvisionnement en denrées alimentaires

L’autre réalité, c’est que des familles entières peuvent passer des jours sans le moindre repas, si les gens de bonne volonté ne passent faire des dons de nourriture.

« Quand on a pas d’argent on ne sait pas quoi faire. Il faut avoir de l’argent pour s’approvisionner. On ne peut pas aller au marché pour quémander. Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités », indique un aveugle de cette cité.

Les soins médicaux inappropriés

Les habitants de la cité des aveugles dans la commune de Mont Ngafula n’ont pas accès aux soins médicaux adéquats. Pas de médicaments, ni équipements. Pas d’installation sanitaire de qualité. Les personnels travaillent dans des conditions de précarité.

« Ce papa est un aveugle. Son enfant est entrain de constiper, mais il n’a pas d’argent pour acheter les médicaments. Ici au centre, nous ne disposons pas de médicaments. Voilà les conditions auxquelles nous sommes confrontées tous les jours », fait savoir le Dr Landry Masangu, rencontré sur le lieu.

Pour lutter contre la Covid-19, ces habitants ont des difficultés de respecter les gestes barrières. Ces aveugles sont quasiment oubliés, Ils ne savent pas aller au delà, vu les moyens qui ne leur permettent pas de faire face à cette situation. « Nous n’avons pas de masques, pas de lave-mains, pas de gel hydroalcoolique. Il n’y a pas même d’eau alors qu’on nous demande de se laver régulièrement les mains », nous confie-t-il.

Chers dirigeants, dans l’État d’urgence il y a des cas d’urgence. Monsieur le Président Félix Tshisekedi, dans votre message à l’occasion de la journée des personnes vivant avec handica3e décembre 2019, vous avez pris l’engagement d’être avocat de ces personnes vulnérables. Dans votre message lu à la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), vous avez pris l’engagement de multiplier les mesures dont vous suivrez personnellement l’évolution, pour la prise en compte des personnes vivant avec handicap. En voici une occasion.

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Lettre ouverte à Félix Tshisekedi, cinquième président de la RDC

Par Joslin Lomba et Jean-Hilaire Shotsha

Monsieur Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, vous voilà enfin porté à la magistrature suprême de notre pays. Vive l’alternance démocratique! Dès Jeudi, 24 janvier le Congo va écrire une nouvelle histoire sous votre gouverne. Dans votre projet de société comme pendant la campagne électorale, bien de promesses ont vu le jour. Nous attendons les voir se réaliser. Cette lettre en rappelle quelques-uns de vos engagements à la nation congolaise qui se dressent comme défis stratégiques. Promis lors de la présentation du projet de société.

Dans ce projet de société, intitulé « vaincre la pauvreté », Monsieur le Président de la République a promis de mobiliser toutes les énergies, tous les moyens de l’État et appuis extérieurs pour les faire converger vers ce dessin commun dont la réalisation se reposera sur trois piliers. Nous attendons voir la plus vite éradication de ce fléau comme promis.

L’Homme

Monsieur le président, tu reconnais que la République Démocratique du Congo ne manque pas d’hommes et de femmes dotés des compétences du sommet à la base de sa pyramide sociale de notre pays. Ainsi, vous sauriez changer l’homme congolais que votre prédécesseur Kabila n’a pas réussi à transformer.

La croissance économique

Vous avez dit, Monsieur le président, que tu veux une croissance économique forte, soutenue, de 25% par an en moyenne, qui sera créatrice d’emplois et protectrice de l’environnement alors qu’en le même temps, la population va croître de 3% en moyenne par an. Le jeune congolais attend l’emploi.

Une société solidaire

Au peuple congolais, vous avez promis de bâtir une société solidaire, garante de cohésion nationale.

Monsieur le président, tout au long de votre campagne électorale, vous avez prôné un Congo du changement qui se veut être un Congo d’amour du prochain.

« Il n’y aura pas le tribalisme. Surtout vous, de mes frères de la même tribu, qui pensez que quand je serai élu vous aurez tous les bonheurs du Congo. Non, détrompez-vous ! Les bonheurs du Congo appartiennent à tous les congolais et à toutes les tribus », avez-vous déclaré.

Du Transfert de votre QG à l’Est du pays et de la fermeture des cachots

Mercredi 12 décembre 2018, dans un meeting à Beni, Monsieur le Président Tshisekedi, vous a promis d’implanter votre Quartier Général à l’Est de la RDC, de nommer ministre de la Défense et un autre de l’économie originaires de cette région.

« Une fois élu président de la république, je vais fermer tous les cachots où on enferme nos compatriotes injustement et arbitrairement. Ce sera la première de mes mesures », avez-vous promis.

Éradiquer le mariage précoce, relancer la MIBA

Devant les femmes de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et de l’Union pour la nation congolaise (UNC), réunies lundi 3 décembre 2018 à Caritas, Monsieur le président, vous avez pris l’engagement d’éradiquer, dans la société congolaise le phénomène de mariage précoce.

A Mbuji-Mayi de relancer la société Minière de Bakwanga (MIBA), en faillite depuis plusieurs années.

La gratuité de l’enseignement et des soins médicaux

Au terrain Funu de Kadutu (Bukavu), vous avez promis la gratuité de l’enseignement ainsi que des soins médicaux.

Du rapatriement des corps de nos héros

A Mbandaka, vous avez promis de rapatrier la dépouille de Mobutu. Le Congo vous attend également pour le rapatriement du corps du feu Étienne Tshisekedi, président de l’UDPS et votre père.

Monsieur le Président Félix Antoine Tshisekedi, veillez à la réalisation de vos promesses. Nous citoyens, serions là pour le contrôle au cas où nos élus députés ne le feront pas.

Bon Mandat ! Que Dieu vous soutienne !.

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