Kinshasa : Pourquoi se méfie-t-on contrôle technique des véhicules ?

28 mai 2018

Kinshasa : Pourquoi se méfie-t-on contrôle technique des véhicules ?

Le gouvernorat de Kinshasa a lancé depuis début avril l’opération de contrôle des documents des véhicules, essentiellement le certificat de contrôle technique et la vignette. Les agents de la Société Congolaise de Contrôle Technique (SCCT), assistés par la police de circulation routière sont déployés sur les artères de la ville pour demander des preuves aux chauffeurs. Cependant, pourquoi les chauffeurs ne se mettent-ils pas en règle ?

Par Jean-Hilaire SHOTSHA

Véhicule contrôlé, Photo Média Congo

Des tables, des pneus et autres objets font office de barrages pour le contrôle des véhicules. Les véhicules de transports en commun deviennent rares. Faute de moyen, beaucoup restent aux garages. « La majorité de chauffeurs ont peur de sortir parce que leurs véhicules ne sont pas contrôlés. Ils attendent la fin de cette opération », me fait savoir un chauffeur de taxi exploitant la ligne Bon Marché-Boulevard.

Le délabrement des routes et le coût élevé des taxes

Ils sont prêts à faire contrôler leurs véhicules, mais ils s’inquiètent premièrement du délabrement très avancé des routes qu’ils fréquentent. « Nous sortons beaucoup d’argent pour le contrôle technique mais ne gagnons rien en retour car l’état des routes tue nos véhicules. » Regrettecette fois-ci Paul, un autre chauffeur de taxi.

En plus du mauvais état de la voirie, les conducteurs des véhicules jugent exorbitant les taxes.Pour se mettre en règle, les camions doivent payer 94$, les minibus 83$, les voitures et motos 72$ aux entreprises désignées par l’Hôtel de ville de Kinshasa pour assurer ce service.

« Ils nous exigent beaucoup de taxes. 4 mois après la vignette en décembre 2017, ils nous demandent les frais de contrôle technique. Le délais est trop court », déclare un autre conducteur.

Pendant ce temps, c’est la population qui en paie les frais. Les kinois connaissent des difficultés pour se déplacer. Il n’y a, certes, plus d’embouteillages comme d’habitude, mais le transport en commun devient aussi de plus en plus rare.

Plus étonnant, je remarque que certains chauffeurs de bus de marque Mercedes 207 appelés ici « esprit de mort » à cause des multiples accidents dont ils sont responsables, détiennent les certificats de contrôle technique. Ont-ils vraiment fait certifier leurs véhicules ou ils ont simplement acheté le document ?

Nous espérons que l’argent perçu par les autorités provinciales sera investi dans la réhabilitation des routes. Si non, étant donné l’engouement et l’attention publique que retient cette unième perception massive des taxes sur le transport, pourquoi l’autorité urbaine ne rendrait-il pas publiquement compte des recettes générées à la fin de ce contrôle ?

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