L’éducation des enfants de la rue reléguée au second plan

Article : L’éducation des enfants de la rue reléguée au second plan
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7 octobre 2016

L’éducation des enfants de la rue reléguée au second plan

Il existe à Kinshasa, capitale de la République du Congo, des milliers d’enfants abandonnés. Parmi ces enfants, beaucoup sont des sans abris.

Des enfants en dehors de l'école
Des enfants en dehors de l’école

Sur la place Rond-point Ngaba à l’Est de Kinshasa, prêt d’une vingtaine d’enfants y ont élu domicile. Sur cette place publique la plus fréquentée de la commune de Ngaba, ces enfants passent des nuits, se nourrissent et se détendent au vu et au su de tout le monde. Parmi ces enfants sans abris, il y en a qui ont besoin de quitter la rue et de bénéficier de l’éducation.

Marcel Kanda, âgé de 17 ans, devenu enfant de la rue depuis plus de 3 ans, exprime sa volonté d’étudier à qui veut l’entendre. « Je veux être utile à ma société et prouver à tout le monde ce que je suis capable de faire. Mais, pour l’instant, je suis incapable d’y parvenir moi-même », a soutenu Marcel Kanda. Il a embrassé la rue après avoir été accusé de sorcellerie par un pasteur de la place. Pour ce prédicateur, Kanda est le porte-malheur de sa famille, responsable du chômage de son père et des maladies qui frappent régulièrement à la porte de son foyer. Mis au courant de cette information, ces parents ont décidé de soumettre l’enfant à des conditions de vie inhumaines. Ainsi, tous les durs travaux ménagers devaient être exécutés par Marcel, et il devait faire face à des insultes et frappes chaque fois qu’il ne les faisait pas. Pour ses parents, explique-t-il, c’était une façon de le punir pour le pousser à abandonner la sorcellerie. « Puisque je n’y comprenais rien, j’ai était contraint de quitter le toit paternel de peur de perdre ma vie à cause de la torture », poursuit-il d’un air triste.

Alors que  la loi N° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, assure l’éducation de ces enfants sans abris. Elle interdit toute discrimination à l’égard des enfants. Dans son article 4, il est écrit : « tous les enfants sont égaux devant la loi et ont tous droit à la protection égale ». Renforçant cette loi,  l’article 47 de la Constitution de la République Démocratique du Congo interdit tout acte de discrimination à l’égard des enfants. « Le père et la mère ou l’un d’eux ou la personne exerçant l’autorité parentale ainsi que l’Etat, ont l’obligation d’assurer l’éducation, la survie, la santé, la protection et l’épanouissement de l’enfant ».

Malgré cette rivière des textes et lois, plusieurs enfants sont victimes de la discrimination. La gratuité scolaire reste qu’un slogan du secteur de l’enseignement primaire et secondaire pour se faire des noms.

A Kinshasa, ils sont nombreux, ces enfants jetés dans la rue contre leur gré. Fatigué de cette vie, beaucoup multiplie, sans succès, des démarches pour retrouver les siens. «C’est plus la population qui les rejette chaque fois qu’ils manifestent la volonté de réintégrer la société », a expliqué Pauline Musau, chargée du programme de réintégration des enfants abandonnés à l’ONG « Association congolaise des éducateurs et encadreurs des enfants à problème ».

Accusé d’avoir amplifié le phénomène « enfant de la rue » à Kinshasa, certains responsables des églises dénoncent les méthodes irresponsables de leurs collègues.« Le pasteur a pour mission de combattre l’esprit démoniaque incarné dans l’enfant comme le font les médecins devant une maladie qui ronge le corps humain », a déclaré pasteur Bertin Modja

 

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