#MondoChallenge : Est-ce qu’un tel amour existe vraiment à Kinshasa ?
Bienvenue chez moi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Cette ville où un grand nombre de gens s’interrogent sur l’existence d’un véritable amour, d’une véritable relation amoureuse…. Un tel amour peut-il réellement exister ? Soit ! Mais à une condition : restaurer la confiance en soi-même. A Kinshasa, dire la vérité est un calvaire.
Expliquer son passé à sa nouvelle copine est une chose atroce. Vivre avec un seul copain ou une seule copine relève de l’idiotie pour bien de jeunes kinois. Peut-on partager l’amour ? Imaginable ! Peut-on sincèrement avoir plusieurs amants ? Soit ! Mais non ! La vraie relation amoureuse ne se partage pas.
Le Grand Amour ! Nous en attendons parler depuis notre enfance. C’est le thème des plus grandes tragédies classiques où demeure le Saint-Graal, objet de la quête que beaucoup de filles comme de garçons rêvent d’atteindre à l’âge adulte. L’amour, nous l’écoutons dans les taxi-bus, pendant les échanges téléphoniques. « Allô mon amour ! » Nous lisons dans nos répertoires : « Mon amour… ! Mon chéri… Mon bébé… »
Grand amour : une quête absolue à Kinshasa
« Le grand amour ! C’est s’épanouir aux côtés de quelqu’un, vivre pour la personne et être capable de tout pour elle. A Kinshasa, c’est très difficile de trouver ce grand amour. Car, les bonnes personnes sont rares », fait savoir Myriam Kianza, étudiante en l’IFASIC (Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication). Et à une autre étudiante d’ajouter : « j’ai jamais connu le grand amour. J’en rêve toujours ».
A chaque rencontre, on y croit, on l’attend et on l’espère. La recherche de l’amour idéal n’est qu’un agréable rêve qui ne peut se confronter à la loi de la réalité. Puisque le mythe du grand amour se veut absolu. On rêve d’écouter l’autre et de le comprendre en un seul regard. Plus loin encore ressentir les émotions. On veut avoir des pensées semblables. Mais où le trouver ? C’est ici que l’amour devient idéal, puisque on veut l’entretenir avec la personne avec laquelle on sera en parfaite relation : l’âme-sœur, l’élu du cœur.
Tout peut se fendre quand on pense à la diversité et aux particularités des regroupements ethniques. Nous sommes tous différents. Certes, nous pouvons avoir des points communs, des ressemblances, mais la plupart des relations à Kinshasa se nourrissent davantage des différences que des ressemblances.
Grand amour : un kinois à la recherche d’une âme sœur
« Des amours ? J’en ai trouvé plusieurs à Kinshasa. Mais Le Grand Amour, j’en suis toujours à la recherche », affirme une étudiante de l’Université de Kinshasa. Et de poursuivre : « J’ai eu plusieurs relations. Au début c’était par influence que je m’étais lancée dans cette aventure. Je voulais faire comme mes amies. Mais j’avais peur de ma famille et la religion m’empêchait toujours d’aller loin. Sans doute j’ai eu plusieurs déceptions ».
Le mythe du grand amour n’a qu’une base : il existe quelque part une personne qui nous est destinée. La notion du destin joue un rôle majeur et vient renforcer le désir absolu. Trouver sa moitié est une chose extrêmement rare, extrêmement précieuse à Kinshasa. Les personnes qui croient dans le grand amour cherchent à créer une symbiose avec l’être aimé, jusqu’à ne former plus qu’une entité. Mais la vie à Kinshasa n’est vraiment pas compatible avec une telle fusion entre deux individus. Cette séparation contre laquelle il est difficile de lutter génère, par conséquent, une souffrance.
Ce monde parfait auquel les jeunes kinois croient n’existe quasiment pas à Kinshasa et ne peut perdurer au-delà de l’enfance sans entraîner désillusions amoureuses.
Ce qui empêche de trouver le grand amour
Plusieurs raisons empêchent les kinois à vivre le grand amour. Entre autres: les mauvaises motivations du départ. Souvent, on cherche l’intérêt, qu’est-ce que je gagnerai en étant avec personne?. L’impatience, dès qu’on est avec la quelqu’un, on veut qu’il soit ce que l’on veut directement. Or, le grand amour on le devient, on ne l’est pas au départ.
La pauvreté est aussi l’une des raisons qui fait rare le grand amour à Kinshasa. Certaines fille aiment vivre des relations superficielles avec plusieurs garçons pour la survie.
Jean-Hilaire Shotsha
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